REBIRTH - Ryoji Kaji - Sept ans plus tard [Privé] [Washington DC]

C’était un vendredi, il ne travaillait pas, comme la plupart du temps, car son boulot, pourtant tellement présent dans la vie des gens passait inaperçu, et à vrai dire, cela ne le gênait pas le moins du monde, il laissait le monde tranquille, c’était réciproque, pourquoi chercher à mener une vie mouvementée ? Ho, ça, il aurait pu être connu, d’ailleurs, quelque part, il l’avait été, était-ce cela qu’il avait cherché à fuir, non, peut être un remord, lui-même n’en était pas certain.
Il s’étira longuement, les pieds sur son bureau, assis sur une chaise qui ne touchait que de deux pieds le sol, pensant que cette journée allait être comme toutes les autres, calme. Certains auraient plutôt considéré sa vie à l’aide d’un mot : « Néant ». Il ne sortait pas vraiment, sauf pour aller faire ses courses, mine de rien, il n’était pas du genre à se faire livrer et à lier sa vie entièrement à l’informatique, même si, aujourd’hui, c’était pratiquement inévitable. Lors des rares fois où l’on pouvait le voir, on ne pouvait que penser de lui que c’était un homme – à priori – respectable. Assez beau garçon, gentleman, souriant, d’un de ces sourires qui offrent une aisance particulière à l’interlocuteur en face de celui-ci, plutôt bien habillé, simplement, d’un style assez décontracté, mais bien habillé quand même, bien coiffé aussi, des cheveux bruns assez longs pour faire une queue de cheval, une posture adaptée à tous types de situations, en bref, le gendre idéal. Car apparemment, derrière ce sourire confiant se cachait une personnalité tranquille, si on le connaissait, même un minimum, on savait qu’il ne devait pas vraiment avoir d’histoire derrière lui. Ça lui convenait.
Il était seulement cinq heures du matin, mais le Soleil commençait déjà à faire irruption dans la vie des gens. Un rayon se faufila lentement dans la pièce où se trouvait le trentenaire, il décida alors qu’il était temps d’aller se préparer quelque chose de comestible. Il bâilla en passant une main dans sa nuque, avant de s’étirer une nouvelle fois, puis se leva, posant les pieds sur le blanc carrelage, qui, à l’instar de la neige, était froid. Dans toute la maison raisonnait une composition de Violoncelle, plutôt apaisante pour ceux n’en connaissant pas le sens. Il se dirigea vers la cuisine, ouvrit l’énorme masse blanche et se rendit compte qu’à défaut de n’avoir plus de lait, ce dont le frigo était rempli, il n’avait plus rien à manger. Il soupira et regretta de ne pas être sorti la veille. Il se servit alors une tasse de café, et sortit sur le pas de la porte. Devant lui se dressaient, plus loin, deux immenses hangars, c’était son lieu de travail. Ici, c’était une zone Industrielle traitant de l’Agro-alimentaire, contrôlée par Aperture, même si la présence de ce dernier dans ce secteur n’était pas visible. L’homme n’avait d’ailleurs jamais eu à mettre un quelconque logo d’Aperture sur les boites de lait, seulement l’indication d’une société appartenant au géant planétaire. Et puis, les gens s’en fichaient, de savoir qu’ils étaient en train de verser du lait d’Aperture dans leurs bols, ils étaient bien plus préoccupés à savoir ce que la journée allait donner. Les gens, ils étaient comme lui, le quidam, à une différence prêt, ils auraient presque tous, tout donné pour être connus.
Soudain, le bruit d’une notification de nouveau message atténua le Violoncelle qui, de toute façon, en était à la fin. Il se retourna, prit une petite télécommande blanche « clipée » à sa ceinture et appuya sur le bouton du milieu. Le silence s’installa et il décida, posant sa tasse sur son bureau, de lire ou encore d’écouter le message.

Citation :: Fanamy Kinnèas, vous serez particulièrement ravi d'apprendre que vous allez pouvoir sauver le monde. Non non, ceci n'est pas une blague, et vous n'êtes pas le 8.569.230 visiteur à avoir vu cette bannière. Un rigolo a cru amusant de pénétrer les bases de données de Neucom, ils ne le savent pas encore cela dit, mais ça ne saurait tarder. Ça signifie tout simplement qu'on va avoir droit à une guerre mondiale et totale si jamais vous ne mettez pas la main sur le petit malin qui s'est amusé à aller farfouiller dans quelque chose qui le dépasse complètement. Neucom n'est pas complètement stupide, vous savez, et ils finiront par le retrouver. Nul hacker n'est infaillible, surtout lorsqu'il combat une armée de professionnels suréquipés. Malheureusement, il a des liens avec Aperture. Même s’ils sont faibles. Et lorsqu'ils le sauront...BABOOM ! Le prétexte parfait ! Comprenez que cela ne m'arrange guère, tout comme le reste du monde. Aussi, j'aimerais que vous vous occupiez de lui. Vous trouverez toutes les informations dont vous aurez besoin en pièce jointe. Ah j'oubliais, vous n'avez que quelques heures pour aller lui mettre la main dessus, donc je vous prierais de bouger votre postérieur, et de sauter dans le premier express direction l'Ohio.

Lili

Son ordinateur lui fit la lecture, pendant qu’il s’amusait à détourer une image de manga sous Photoshop, tout en buvant son café. À certains passages, il ne pouvait s’empêcher de sourire, malgré le ton neutre qu’avait l’Ordinateur.

« He bien Lili, tu ne manques pas d’imagination. Ça peut être marrant comme scénario, même si c’est du réchauffé. »

Il bâilla une nouvelle fois et déplaça machinalement le message vers la corbeille, avant de s’arrêter en chemin.

« …Fanamy Kinnèas ? » Il intima l’ordinateur, à l’aide d’un raccourci clavier, de répéter ce message, le relisant en même temps.
« Qui êtes-vous mystérieuses Lili, et pourquoi donc me conter mon histoire ? » Il resta pensif un moment, en regardant cette signature, il se décida alors à cliquer sur la pièce jointe en question, il s’agissait d’une géo localisation, un cliché récent de deux heures, pris par un quelconque satellite. En dessous se trouvait notée une adresse.
« Dublin, soupira-t-il, quelle étrange coïncidence, l’Allemagne n’est pas si éloignée que ça finalement. Espérons que j’arrive à temps. »
Il savait dans quoi il allait s’empêtrer, il savait que c’était peu être un piège, mais il voulait savoir, qui était-il, qui était-elle, pourquoi maintenant. Il prépara un sac avec quelques affaires. Une arme ? Pourquoi faire, il n’aurait pas le temps de s’en servir si jamais. Il éteignit son ordinateur, laisse sa télécommande sur dans l’entrée et passa le pas de la porte. Une heure et demie plus tard il serait déjà là bas, quelques minutes encore après il serait déjà mort. Quelle importance ?